30 km/h en ville : vers une nouvelle limitation de vitesse
Parmi les 146 propositions émises par la Convention Citoyenne pour le Climat réunie le 28 juillet dernier en Conseil de Défense Écologique, a été avancée celle d’abaisser la limitation de la vitesse en agglomération à 30 km/h (au lieu des 50 km/h actuels). Alors que l’exécutif s’est déjà opposé à la baisse de la limitation de la vitesse sur autoroute à de 130 à 110 km/h, force est de se demander si cette nouvelle proposition va essuyer le même refus. Voyons à présent quels sont les arguments apportés en la faveur de cette proposition.
La réduction de la pollution
Cette convention citoyenne ayant pour principal objectif d’améliorer le climat, le premier argument avancé pour défendre cette proposition de réduction de la vitesse en agglomération à 30 km/h est bien entendu d’ordre écologique. En effet, plus la vitesse d’un véhicule est basse, moins il consomme d’essence. Les émissions de CO2 et l’effet de serre qui en résultent sont donc automatiquement réduites. Ce fait est d’ailleurs partiellement confirmé par une analyse des bénéfices de la réduction de la vitesse réalisée en mars 2018 par le Commissariat général au développement durable.
Une plus grande sécurité sur la route
Cette proposition de réduction de la vitesse en ville vise également à accentuer la protection des usagers de la route les plus vulnérables, s’entend par là les cyclistes et les piétons. La sécurité routière entre donc ici en ligne de compte. En effet, la crise causée par le Covid-19 a notamment profondément modifié l’usage de la route. S’en est suivie une augmentation significative des cyclistes notamment, comme à Paris où leur nombre a doublé, voire triplé, en un an, entre mai 2019 et mai 2020.
La distance d’arrêt divisée par 2
Réduire la limitation de vitesse en ville de 50 km/h à 30 km/h a pour conséquence la réduction de moitié de la distance d’arrêt.
Ainsi, en conditions normales, la distance d’arrêt à une vitesse de 50 km/h est de 33,75 mètres contre 15,75 mètres seulement à 30 km/h.
Qu’en pensent les associations d’automobilistes ?
Alors qu’elles restent totalement favorables au maintien des zones 30 mises en place notamment dans les rues étroites et à proximité des zones piétonnes et des écoles, les associations d’automobilistes ne trouvent pas cette mesure en adéquation avec la réalité de la circulation en ville. Ils pointent en effet du doigt la différence évidente qui existe entre une circulation dans un village, une ville de taille moyenne et une grande agglomération, impossibles à comparer. L’impact de cette nouvelle limitation ne sera donc pas le même, semblant plus adaptée à certains types d’agglomérations qu’à d’autres.
Qu’en est-il des émissions de dioxyde de Carbone ?
Un rapport de l’ADEME (Agence de la transition écologique) met en avant un graphique qui prouve que rouler à 50 km/h en ville se révèle finalement moins polluant que rouler à 30 km/h. En effet, cette nouvelle limitation de vitesse risque d’engendrer davantage de bouchons et donc d’augmenter les émissions de dioxyde de carbone.
Le coût de la réforme
Les associations diverses craignent que cet abaissement de la limitation de la vitesse de circulation en agglomération engendre davantage d’excès de vitesse et donc plus d’amendes relatives à cette infraction au Code de la Route. De plus, les collectivités locales devront investir des sommes importantes afin d’adapter leur réseau routier à cette nouvelle norme.
Le cas des transports en commun
Le Commissariat général avance dans son rapport que l’abaissement de la limitation de vitesse en ville à 30 km/h engendrerait un report du trafic général de 20% sur d’autres modes de transport. Or, alors qu’il est impératif de veiller au bon respect des gestes barrières en cette période de pandémie, augmenter le nombre d’utilisateurs dans les tramways, bus et métros n’est pas souhaitable, notamment dans les grandes villes.
Quelle décision sera finalement prise ?
Une chose est certaine, l’exécutif va devoir s’attacher, s’il opte pour cette proposition de nouvelle limitation de vitesse, à ne pas reproduire le mécontentement engendré par celle de l’abaissement de la limitation à 80 km/h sur routes. À ce jour, aucune décision n’a été prise concernant la limitation de la vitesse à 30 km/h en ville. La question doit être réétudiée à la rentrée politique qui doit avoir lieu pendant le mois d’août. Un plan de relance d’environ 30 milliards d’euros pour la transition écologique a d’ailleurs été annoncé par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Cependant, même en cas de validation de cette nouvelle mesure, celle-ci ne devrait pas entrer en vigueur avant 2021.
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